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Maman poupée, Bébé citrouille
25 mars 2015

Allaitement : Oui ou non ?

Je ne sais pas vous, mais moi, quand j'étais adolescente, je me suis dit que si un jour j'avais le malheur de faire un bébé, hors de question qu'il touche à mes seins dont j’étais si fière.
Comme quoi, j'ai bien changé, puisque j'ai voulu et eu un bébé et que je l'allaite depuis six mois et que je ne suis pas prête d'arrêter.

 

Pendant ma grossesse, j'ai prévenu mon entourage que je souhaitais être une Tire-Allaitante, parce que je me voyais mal me lever toutes les nuits toute seule, ne pas pouvoir boire ou fumer après neuf mois de privation et que je n'avais pas envie d'être coincée chez moi pendant un an. Je pensais que l'allaitement au sein c'était compliqué, contraignant, et que si le lait artificielle pouvait se révéler aussi bon que le lait maternel, je n'aurais pas allaité du tout.

Et puis un jour, pendant le septième mois, je me suis dit que quand même, ca devait être sympa, en vrai. La sage-femme qui venait faire les "cours de préparation à l'accouchement" m'a montré des positions d'allaitements et comprenant que j'avais une réelle angoisse, elle me répétait que j'avais le choix, qu'à tout moment je pouvais utiliser le tire-lait quand même. Alors je me suis dit que j'essayerai.

 

Pourquoi avoir peur d'allaiter ?

Ca peut paraître idiot pour la plupart des femmes qui ont allaité, pourtant cet instinct a  été presque supprimé au fil des générations. D'abord, les icones de beauté nous ont montré qu'il fallait absolument avoir des seins hauts et très fermes, et les montées de lait à répétition nuisent gravement à cette idéologie de la poitrine. Il est vite entré dans la conscience des femmes qu'elles deviendraient laides si elles allaités.

Il y a eu l'invention du lait artificiel, d'abord pour pallier à l'incapacité des mères à nourrir leurs bébés, qu'elles confiaient donc à des nourrices. Puis, au "désir" des mères de reprendre au plus vite le travail. Arrivant sur un marché porteur, il a suffit à certains commerciaux de payer des médecins pour qu'on dise que "le lait maternisé est meilleur pour la santé que le lait maternel". La machine ainsi lancée, difficile de revenir en arrière.

Ensuite viennent des facteurs plus psychologique et personnel, ou venant de l'entourage : La mère victime d'attouchement dans son adolescence,  ou pleine de complexes et de pudeur. Le père souhaitant gardé pour lui l'exclusivité de la poitrine de sa femme (allez, messieurs, vous savez bien que j'ai raison, au moins un petit peu). Les amis qui ne veulent pas devoir supporter un bébé à chaque fois qu'ils se voient... Ce peut être vraiment n'importe quoi.

L'angoisse de l'allaitement est très courant, et malheureusement les futures mères faisant part de cette angoisse aux multipares ayant allaité chacun de leurs enfants sont plutôt montrées du doigt par ces dernières, alors qu'elles n'ont besoin que de compréhension. Elles savent bien, au fond d'elle qu'il faudrait allaiter, mais elles ne peuvent tout simplement pas, et cette angoisse peut se transformer en un véritable mal-être.

A-t-on véritablement le choix finalement ?
Nous sommes donc conditionnées par notre entourage et notre accompagnement (sage-femme, médecin, ...), et parfois, souvent même, cela ne va pas dans notre sens.

 

Mamie Pomme m'a raconter une histoire il y a quelques jours. Elle avait croisé deux jeunes femmes dans la rue dont l'une était enceinte et a surpris leur conversation qui ressemblait a peu près à ça :

                  "Tu sais, tu devrais investir dans un coussin d'allaitement des maintenant, tu en auras vite besoin.
                  - Non, mais tu ne crois pas que je vais me casser le dos à allaiter ?"

J'ai trouvé cette phrase choquante. Certes, pour certaines raisons personnelles on peut refuser d'allaiter et je le conçois quand il s'agit d'une angoisse enfouie au plus profond de soi, mais j'ai du mal à comprendre qu'une future mère ayant souhaité avoir un enfant refuse catégoriquement d'allaiter.
Peut-être est-elle tombée enceinte sans le vouloir, dans ce cas, il y avait le choix de ne pas l'avoir. Mais en y réfléchissant, je me trouve plus intolérante d'avoir pensé cela. Cette future Maman manque peut-être d'information, ou peut-être est elle plus angoissé que je l'ai été, peut-être est-elle mal accompagné ou que le futur Papa est jaloux d'avance.
Néanmoins, je reste persuadé que quelle qu'en soit la raison, si elle n'allaite pas, elle le regrettera, et qu'elle bridera une fois de plus son instinct, mais cela ne fera pas forcement d'elle une mauvaise mère.




Mais au delà de la compassion, au delà de la compréhension, et de toutes les "bonnes raisons", il y a les faits :
On ne fait pas de Bébé Poupon. Si on construit un enfant, on accepte les contraintes, point. On ne joue pas à donner des biberons. Comment quelque chose de si naturel que de faire un bébé peut-il ne pas s'accompagner d'un allaitement ?
Quand l'enfant mangera solide, on lui donnera ses cinq fruits et légumes par jour, on limitera sa consommation de sucrerie et il aura lui donnera suffisamment d'eau à boire, non ? Alors pourquoi ne pas lui donner le seul aliment qui lui soit adapté au moins pendant ses six premiers mois ? Dans un raisonnement logique, on ne fait pas un bébé si on se sent incapable de lui donner le meilleur : allaitement, présence et éducation. On ne peut pas être une véritable bonne mère si on n’allaite pas, sauf en cas d'incapacité à produire du lait.

(Attention, je connais des mères formidables qui n'ont pas allaité par choix, je parle ici de bonne mère dans le sens naturel du terme : si une lionne, ou une lapine n'a pas la fibre maternelle (et sont donc de mauvaise mère), leurs petits meurent sauf si la chance décide de s'en mêler, comme une autre lionne capable de s'occuper d'un lionceau abandonné, un humain nourrissant les lapereaux au biberon.)

Il faut impérativement que toutes les femmes qui veulent avoir un enfant bénéficient d'un véritable accompagnement à l'allaitement (ou au tire-allaitement si avoir un bébé accroché au sein leur semble insurmontable). Des sages-femmes conseillère en allaitement, des femmes ayant vaincue leur angoisse et des pédiatres pro-allaitement devrait impérativement intervenir aux "cours de préparation à la naissance". Les sages-femmes de l'hôpital (celles qui vous reçoivent une fois par mois pour vous engueuler parce que vous avez pris cinq cent grammes) devrait prendre le temps de déceler l'angoisse, et les femmes ayant envie d'allaité mais ne s'en sentant pas capable devrait pouvoir en parler librement auprès de leurs familles ou sur les forums.
Le tire-lait ne doit plus être décrit comme un objet de torture contraignant, mais comme un très bon outil. Je pense même qu'on devrait engager des animatrices de vente privé pour en parler, les femmes y verraient ainsi un objet utile et (presque) ludique. (Elles arrivent à vendre des trucs bien pires.)

Etant totalement pro-allaitement, je pense que le lait artificiel ne devrait plus être vendu en grande surface, mais simplement en pharmacie sous ordonnance aux femmes ayant l'incapacité d'allaiter. Attention pas une ordonnance qu'il faudrait aller renouveler tous les deux jours, mais une "permanente". Il suffirait de se rendre à sa pharmacie pour refaire son stock, et ce lait devenant un besoin vital serait pris en charge par la sécurité sociale, tout comme la location d'un tire-lait.

Il serait possible de faire le point sur l'allaitement à chaque consultation pédiatrique, mais aussi en prenant un rendez-vous avec une sage-femme ou un médecin, et donc obtenir si besoin, une ordonnance permanente pour un lait différent.

 

 

Malgré cet article, je pense aussi qu'il faut faire comme on le sent, et ne pas allaité ne fera pas de vous une mauvaise mère au sens culturel du terme. Peut-être serez-vous une aussi bonne mère, voir meilleure, que certaines mères allaitantes, mais dans ce cas, vous seriez encore meilleure en allaitant vous aussi.

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